Quand une entreprise évolue — que ce soit à travers une réorganisation, une fusion, un changement d'outil ou un repositionnement stratégique — elle ne transforme pas que ses processus : elle transforme aussi ses humains. Or, le changement, aussi bien pensé soit-il, est rarement un long fleuve tranquille. Il génère des émotions, parfois des résistances, souvent des questionnements.
Pour accompagner ces bouleversements, un outil s’est imposé comme une référence : la courbe du deuil, aussi appelée courbe du changement ou modèle de Kübler-Ross.
À l’origine, cette courbe est issue des travaux d’Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre qui a modélisé les étapes émotionnelles traversées lors d’un deuil. Si le parallèle peut sembler fort, il se justifie pleinement : accepter un changement majeur implique souvent de renoncer à une situation connue, rassurante, maîtrisée. C’est une perte, parfois vécue comme une forme de deuil.
Les 7 étapes de la courbe du changement
Voici les étapes clés, que l’on peut retrouver dans toute transformation :
- Le choc : « Quoi ?! C’est vraiment décidé ? »
Surprise, sidération, voire déni. L’information du changement tombe, et tout s’arrête quelques secondes dans les têtes. - Le déni : « Ça ne va pas durer », « Ils vont revenir en arrière »
Phase de résistance inconsciente. On minimise, on évite, on fait comme si. - La colère / la peur : « Pourquoi moi ? », « C’est injuste », « Et mon poste dans tout ça ? »
Incompréhension, frustration, anxiété. Les émotions s’intensifient. C’est souvent ici que naît une partie de la résistance active. - La tristesse : « Je vais perdre mes repères, mon confort… »
Baisse d’énergie, démotivation, voire démobilisation. Cette phase peut durer si elle n’est pas accompagnée. - L'acceptation : « Bon, il faut avancer… »
La personne commence à envisager le changement de manière plus rationnelle. L’émotion laisse place à une forme de neutralité. - L'expérimentation : « Je teste ce nouvel outil », « Et si je m’y mettais ? »
Retour de la curiosité, de l’envie d’essayer. L’énergie remonte. - L'engagement / l'intégration : « C’est devenu naturel », « Je vois les bénéfices »
La nouveauté est intégrée, digérée. Le collaborateur est à nouveau acteur.
Pourquoi cette courbe est utile en entreprise ?
Parce qu’elle nous rappelle une chose essentielle : le changement ne se décrète pas, il s’accompagne. En tant que manager ou leader de la transformation, il est crucial de :
- Comprendre que chaque collaborateur avance à son propre rythme ;
- Identifier où se situent vos équipes sur cette courbe pour adapter votre posture ;
- Proposer les bons leviers à chaque étape : écoute, communication, formations, accompagnement individuel ou collectif ;
- Garder en tête que le passage de la courbe n’est pas linéaire : on peut faire des allers-retours entre les étapes.
Une boussole émotionnelle pour piloter le changement
Utiliser la courbe du deuil dans la conduite du changement, ce n’est pas faire de la psychologie de comptoir. C’est reconnaître que la transformation est avant tout une aventure humaine. En tenant compte des émotions, on crée les conditions d’un engagement plus profond, plus sincère… et plus durable.
Et chez vous ?
Où en sont vos équipes dans la courbe ? Et vous, à quelle étape vous situez-vous dans le dernier changement vécu ? Parler de cette courbe en équipe peut déjà être un premier pas pour désamorcer les tensions… et relancer la dynamique collective.